J’ai longtemps cru qu’être forte, c’est tout bloquer, ne rien laisser paraître et ne rien exprimer. Car si je montrais mon vrai visage, je montrais également mes faiblesses.
Je portais mon masque devant les gens pour qu’ils ne voient rien et ne sachent rien de moi.
J’ai cru que refouler mes émotions me rendrait plus forte.
Que réprimer et ravaler mes larmes et ma douleur au lieu de les laisser sortir et couler me rendrait plus forte aussi.
Que les choses qu’on m’avait dites petite était la vérité absolue.

« Ravale tes larmes au lieu de pleurer, ce n’est rien ce qui t’arrive… »
« Ravale tes larmes ou sinon je te mets une claque et tu pleureras pour quelque chose cette fois… »
« Arrête de pleurer, tu pleures pour rien, tu n’es qu’une pleurnicheuse, une pissouse ! »
J’ai souvent entendu que « la vie c’est dur » et qu’il fallait être comme elle « dure », pour avancer dans la vie. Qu’il fallait être « fort(e) » !
Que la vie était un combat et qu’il fallait lutter et trimer pour y arriver…
Si vous saviez comme j’ai eu tort de croire tout ça…
La vie est tout sauf un combat. La vie est simple, c’est nous qui la rendons difficile et compliquée, tout comme les relations que l’on peut avoir.
Et plus on pense que la vie est un combat, plus on aura de combats à affronter.
En faite, la vie n’est pas dure et on n’a pas besoin de lutter. Simplement se laisser porter par son flot et accepter qu’on ne contrôle rien à part notre façon de réagir.
Et toutes ces fois où on m’a dit de ravaler mes larmes alors que j’aurais dû les laisser couler pour me libérer.
J’avais tellement peur de cette claque et de ces mots qui sonnaient comme des menaces…
Et dans ma tête, je me disais que je n’étais rien. Que je dérangeais si je m’exprimais. Que j’étais juste faible. Qu’avoir mal et le dire, c’était pour les faibles.
Que ceux pourquoi je pleurais n’étaient pas légitimes, ni entendus aux yeux des adultes et ne le seraient jamais.
Si j’avais su qu’exprimer ces émotions au fur et à mesure qu’elles arrivent est tout à fait normal.
Que se mettre en colère, pleurer, crier,… est en faite un signe de force intérieur car cela nous apprend à extérioriser et à apprivoiser ce que l’on est au fond de nous.
Que montrer notre douleur et s’en occuper est bénéfique pour chacun, puisqu’elles montrent que l’on est humain et imparfait dans un monde imparfait. Et tout cela est très libérateur.
Que montrer sa sensibilité est en faite la force et l’arme la plus puissante que l’on a en soi.
Mais surtout que réprimer tout ça fait mal à son corps et à son cœur.
La petite fille de cette époque aurait tellement de choses à dire à ses adultes qui réprimaient et répriment encore tout à l’intérieur d’eux.
Elle aurait envie de leur dire combien il est important d’exprimer tout cela car elles font partie d’eux. Qu’elles sont le fondement de leur être.
Que l’on n’a nul besoin d’avoir peur d’être rejeté si on montre qui on est vraiment au fond de nous.
Qu’être fort(e) ce n’est pas ne rien laisser paraître et se fermer au monde et à soi-même. Mais bien au contraire, ouvrir son cœur au monde et à soi-même pour laisser sortir ce qui a besoin de sortir, c’est ça la vraie force. Se montrer dans son état brut avec ces blessures, ces failles, sa douceur… fait toute la beauté de l’être.
Au final, à ne rien vouloir laisser sortir et paraître, tout s’imprime dans le corps.
Et un jour, tout déborde, tout éclate et c’est à ce moment-là qu’on voit à quel point on a été faible de ne rien avoir voulu lâcher, car on est incapable de gérer quoi que ce soit. Pas même une petite frustration ou autre. On ne se reconnaît plus, on est perdu…
Montrer qui on est réellement sans masque, l’exprimer et le montrer, c’est ça être fort(e).
Parce que cela demande beaucoup de force et de courage d’affronter le regard et le jugement des autres, et encore plus de le montrer au monde entier.
Paraître sensible ou même hypersensible, ce n’est pas être faible. Mais avoir une force de caractère que les autres non pas et n’osent pas exprimer.
Et que dans tout ça, au fond, on est juste authentique.
Et oui, parfois la vie blesse et met à terre, c’est ce qui aide à se relever à chaque fois et toujours plus fort.
Pas besoin d’être musclé, de faire du sport ou d’avoir un mental d’acier. Seulement de dire tout haut ce que l’on pense tout bas. Reconnaître, accepter ce qui nous traverse et la situation pour pouvoir lâcher prise.
Ça fait mal de tomber car on peut avoir mal, pleurer, s’énerver, voire en vouloir au monde entier. Pourtant, c’est ça qui nous aide à nous relever. Puisqu’une fois les larmes essuyées, la colère exprimée et toutes ces émotions inconfortables accueillies. Le calme prend place et nous permet d’avancer plus légèrement. Et la fois suivante, si on tombe, on arrivera à se révéler plus vite et plus fort.
Sachez bien que toute épreuve ou expérience est une leçon. Tant qu’elle n’est pas comprise, elle revient.
À nous de savoir ce que l’on en fait, c’est ça qui va définir la personne que l’on est.
Être soi-même, accepter que les épreuves de la vie sont des expériences pour ainsi apprendre et ensuite avancer.
Alors oui, la petite fille que j’étais ne pourra jamais dire aux adultes que ce qu’ils lui ont dit et fait l’a blessée et que ça a impacté sa vie et ses comportements d’adulte plus tard. Aujourd’hui, l’adulte que je suis le dit tout haut.
Je guérie chaque jour un peu plus en m’observant, en apprenant, en m’écoutant et en acceptant ma condition humaine. Tout cela m’aide à me révéler au monde en ayant confiance en mon cheminement. Peu importe ce que pensent les gens de ma vie ou de moi.
Aujourd’hui, je sais que ma capacité à me relever à chaque épreuve provient du fait que j’accepte de ressentir toutes ces émotions qui me traversent, en les surmontant pas à pas, pour ensuite en faire une force intérieure en gardant cet état brute et sensible qui font la personne que je suis.